Myocardite post COVID-19 : un risque non négligeable pour les sportifs
Les effets de la COVID-19 sur les poumons sont maintenant bien connus. Cependant il ne s’agit pas seulement d’une infection respiratoire. En effet, le Sars-Cov-2 peut également provoquer une maladie appelée myocardite, touchant le muscle cardiaque. C’est pourquoi le retour au sport après une infection doit se faire prudemment. Explications.
Tout comme il affecte les poumons, le Sars-Cov-2 peut envahir les cellules du muscle cardiaque. Il provoque alors une inflammation et des dommages durables sous la forme de cicatrices myocardiques. Ainsi ceci peut entraîner des arythmies et un affaiblissement du muscle cardiaque. Les experts pensent que faire de l’exercice en étant infecté par le virus augmente le risque de développer une myocardite.
Sars-Cov-2 et myocardite
Les symptômes de la myocardite comprennent une douleur ou une oppression thoracique, un essoufflement, des palpitations (sensation de rythme cardiaque irrégulier). Mais aussi une diminution de la tolérance à l’exercice. Par conséquent la myocardite, qui survient généralement à la suite d’une infection bactérienne ou virale, peut sensiblement affecter la capacité de pompage du cœur.
Dans sa forme la plus grave, la myocardite peut provoquer un arrêt cardiaque soudain. Elle a été associée à 10 à 20 % de toutes les morts subites chez les jeunes athlètes. La myocardite post COVID-19 a été liée à plusieurs morts subites d’origine cardiaque chez des patients qui ne présentaient que des symptômes d’infection virale légers. Un certain nombre de virus peuvent provoquer une myocardite. Mais le coronavirus Sars-Cov-2 semble présenter un risque plus élevé qu’avec d’autres virus courants.
Des études en cours
Une équipe de Baltimore dirigée par Jean Jeudy, Cardiologue et Professeur à l’Université de Médecine du Mariland, a collecté des données sur l’incidence de la myocardite chez des étudiants sportifs se remettant d’une infection au COVID-19. Leur étude, portant sur 1 597 sujets issus de 13 établissements différents a montré que :
- 37 jeunes athlètes, soit 2,3%, ont reçu un diagnostic de myocardite associée à COVID-19, soit une incidence comparable à l’incidence de la myocardite en population générale
- Cependant, une proportion alarmante de ces cas de myocardite a été retrouvée chez des athlètes asymptomatiques
- 20 de ces jeunes participants atteints de myocardite associée à COVID-19 (soit 54%) ne présentaient ni symptômes cardiaques ni anomalies aux différents tests cardiaques.
- Seule l’IRM cardiaque a permis d’identifier ces myocardites asymptomatiques
Myocardite : les conséquences à court et long terme
À ce stade, il est difficile de préciser l’ampleur des conséquences de ces myocardites. D’autant que le variant Omicron change encore la donne. En effet, les auteurs de l’étude soulignent que les problèmes cardiaques développés par certains athlètes ont été résolus en un mois. Par contre, d’autres athlètes ont souffert d’anomalies cardiaques persistantes à l’IRM. Notamment en raison de cicatrices cardiaques.
De plus, ils indiquent également que chez de jeunes patients, les effets de l’inflammation du myocarde peuvent avoir un impact plus important et plus durable, que chez des patients plus âgés. Pour un retour au sport en toute sécurité après COVID-19, les athlètes ou les personnes souhaitant reprendre une activité physique intense doivent donc effectuer un dépistage des lésions du myocarde et de la myocardite.
Myocardite : des précautions à prendre
À la lecture de cette étude, il semble donc souhaitable de reprendre prudemment l’activité. D’ailleurs, la FFME a communiqué auprès des entraîneurs de club pour attirer leur attention sur les précautions à prendre : “Devant la recrudescence épidémique, la commission médicale fédérale est vigilante du fait du sur-risque de myocardite post infection virale, pouvant avoir des conséquences dramatiques chez ses athlètes. ”
Elle a tenu à informer ses entraineurs de la conduite à tenir avec leurs athlètes. Bien sûr, celle-ci peut être amenée à changer du fait de l’inconnu sur la prévalence des risques myocardiques avec le variant Omicron. En tout état de cause, suite à une infection COVID chez un athlète haut niveau : pas d’intensité cardio avant visite médicale J10-14
1. Non vacciné ou schéma vaccinal incomplet : avis médical avec ECG au minimum, à J10-J14
2. Vaccinés (schéma complet) : avis médical +/- ECG à J10-14
3. Vaccinés avec forme très symptomatique : avis médical avec ECG et échographie cardiaque
Par ailleurs, il est important de rappeler le respect des règles d’or du club des cardiologues du sport, en particulier la n°9 adaptée au COVID : “Je ne fais pas de sport intense en cas de fièvre, ni dans les 8 jours qui suivent un épisode grippal (fièvre + courbatures) ou un test positif au COVID, ni dans les 48h qui suivent ma vaccination.”
Les autres règles sont à consulter ici
Aller plus loin
- COVID-19 : Sur le risque de myocardite chez les jeunes sportifs
- Myocarditis in athletes after COVID-19 infection: The heart is not the only place to screen. Sports Medicine and Health Science. 2020 Sep; 2(3): 172–173.
Flippant..