No pain no gain : faut-il nécessairement souffrir pour réussir ?

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On connaît tous l’adage : “No pain no gain”. On n’a rien sans rien. Et force est de constater que les grimpeurs de haut-niveau nous renforcent dans cette vision de l’activité, en postant des vidéos de leurs dernières séances a muerte. Mais si cette conception de l’entraînement était finalement fausse ?

Le no pain, no gain fait généralement l’unanimité, quand on parle d’entraînement. Difficile en effet d’imaginer que l’on va progresser en escalade sans s’en donner la peine. Qu’on va muter juste en claquant des doigts. Et d’ailleurs, à La Fabrique verticale, nous avons déjà eu l’occasion de vous poser la question qui tue : “Êtes-vous prêts à vous faire mal ?

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Mais en fait, faut-il nécessairement se faire mal ? L’entrainement doit-il vraiment générer de la souffrance pour être efficace ? Et pour aller plus loin, les masochistes sont-ils les seuls à progresser et à performer ? S’il est vrai que notre société baigne globalement dans cette idéologie fondée sur les valeurs “travail”, “effort”, “méritocratie”, n’y-a-t-il pas d’autres moyens de réussir ?

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Comment allier plaisir de l’entrainement et cocooning (photo Claudia Ziegler pour La Sportiva)

No pain, no gain : et si la réussite, c’était plutôt facile ?

Le philosophe Ollivier Pourriol vient de publier Facile, un essai jubilatoire sur l’art de réussir… sans forcer. En s’appuyant sur des exemples de grands sportifs, de musiciens, d’écrivains ou même de cuisiniers étoilés, il démontre qu’emprunter des chemins détournés peut permettre d’atteindre son but sans effort. Et en tout cas plus sûrement qu’en fonçant tête baissée. Avec en tête l’indécrottable logique du no pain, no gain.

Cette manière originale d’appréhender la performance et le geste sportif sonne comme un véritable éloge de la facilité. Mais surtout du plaisir ! Car on prête souvent aux seuls génies la capacité de réussir facilement, les autres devant se tuer à la tache pour seulement espérer gravir quelques échelons. Le fameux no pain, no gain…

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No pain no gain vs la quête du plaisir

Or Ollivier Pourriol contredit cette idée à travers mille exemples d’hommes et de femmes brillantes, qui ont su réussir chacun dans leur domaine. Leur point commun ? “La quête du plaisir”, “le dilettantisme”, insiste l’auteur. Car c’est en faisant ce qu’ils aimaient par-dessus tout que les personnes convoquées dans ces pages sont parvenues à l’épanouissement. Et donc à la réussite. Mais presque sans le vouloir !

No pain, no gain : et si on parlait plutôt de sublimation ?

On pourrait croire en lisant ces lignes que Facile, d’Ollivier Pourriol, n’est qu’une sorte d’incitation à la paresse. Mais ce serait faire un véritable contre-sens. “Pour devenir exceptionnel, dans n’importe quel secteur, un investissement est nécessaire”, écrit Ollivier Pourriol. Et cet investissement se traduit en temps : “Il faut y consacrer, en moyenne, 10 000 heures”.

Cette règle des 10 000 heures se vérifie de manière transversale. On croise dans ces pages des philosophes comme Descartes ou Deleuze, des écrivains comme Stendhal ou Sagan, des artistes comme la pianiste Hélène Grimaud ou le cuisinier Alain Passard. Mais aussi des athlètes : Yannick Noah, Zinedine Zidane, l’apnéiste Jacques Mayol ou le funambule Philippe Petit.

Et il n’y a aucune feignasse dans les rangs. Tous se sont donnés les moyens de réussir. Mais ils ont su, dans un subtil équilibre, suivre leur pente naturelle sans tomber dans la facilité. En fait, ils ont su sublimer l’exercice en y introduisant, à défaut de spiritualité, un peu de rêve. Et atteindre de véritables instants de grâce, de lâcher prise, de flow. Où ils étaient presque plus spectateurs qu’acteurs.

No pain no gain, but still having fun

Bref s’il y avait qu’un dénominateur commun à ces parcours variés, ce serait bien le plaisir. Ollivier Pourriol évoque ainsi deux manières de considérer le monde et l’action : celle de l’adjudant, en force. Et celle du danseur, sans brutalité. Soit on lutte, soit on se détend. Soit on est contre, soit on est dedans. Ou plutôt sur, comme si on surfait la vague, en faisant confiance au corps, en se glissant dans le mouvement.

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Le plaisir comme horizon remet à sa place la notion de progrès. Et plus encore celle de réussite. Oublier l’objectif et ne penser qu’au plaisir de grimper, voilà une piste intéressante. Essayer sans expectative, atteindre sa cible sans viser, faire comme si on n’avait aucun projet. La durée propre aux choses dictera son rythme. Car comme l’écrivait Nietzsche, “certains buts ne peuvent être atteints qu’indirectement”.

Plus d’infos sur Facile ici

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