Que faire (et ne pas faire) avec votre corde d’escalade ?
Vous changez de corde d’escalade sans doute moins souvent que de chaussons. Elle reste cependant un consommable qui est amené à être renouvelé régulièrement. Mais si vous mettez en œuvre quelques bonnes pratiques, nul doute que votre brin adoré fera quelques séances de plus avant que de se voir relégué au rebus.
Une durée de vie limitée
Sans parler d’obsolescence programmée, une corde d’escalade a une durée de vie limitée. Elle est inhérente à plusieurs facteurs : sa composition son usage et l’environnement.
Vous le savez peut-être, le polyamide en est le premier constituant. Il a été préféré au polypropylène ou au polyéthylène car il présente une très bonne résistance à l’abrasion. Son allongement à la rupture est aussi supérieur, ce qui lui confère de très bonnes qualités d’amortissement. Utile dans les vols !
Pour faire simple, les macro-molécules qui constituent le polyamide ne sont pas stables dans le temps. En d’autres termes, elles changent d’état sous l’effet des UV, de l’humidité et des contraintes mécaniques. Leur degré de polymérisation diminue et elles passent d’un état dit « amorphe » à un état semi-cristallisé, puis cristallisé en perdant leurs qualités mécaniques (élasticité) et leur solidité.
Mais venons-en aux faits. Que faire – et ne pas faire – avec votre corde ?
Comment bien l’utiliser ?
Corde neuve
Commençons par le commencement, il s’agit lors de sa première sortie de démarrer sur de bonnes bases, en la délovant méthodiquement. Si vous suivez nos vidéos, vous saurez que certaines marques proposent maintenant des cordes spécialement « pliées » pour faciliter cette étape.
À la falaise
L’usage d’une bâche est devenu un incontournable : votre corde y est relativement protégée, en particulier de la poussière ou du sable, voire de l’humidité. Et puis, vous passez facilement d’une voie à l’autre en mettant tout votre barda à l’intérieur.
Bien sûr, cela devrait aller de soi, il est impératif de ne pas piétiner votre corde. L’assureur doit donc prendre garde de la disposer de manière décalée par rapport à sa position d’assurage.
Si vous grimpez en moulinette, soyez attentifs aux frottements contre le rocher, notamment à proximité du relais. Ils seront sans doute importants sur des zones couchées ou si le rocher présente des reliefs importants. Utilisez alors une sangle munie d’un mousqueton de sécurité pour descendre le point de renvoi et limiter ceux-ci.
De manière générale, mais en particulier lorsque vous grimpez en tête et êtes donc susceptibles de chuter, alternez le côté d’utilisation de la corde.
Enfin, lors d’une chute, et a fortiori si vous travaillez une voie et que vous chutez à plusieurs reprises sur un même passage, prenez soin de vous vacher après chaque chute. Si vous mettez ce temps à profit pour récupérer, ce moment sera aussi très utile à la corde qui elle aussi pourra récupérer… sa longueur initiale et ses capacités d’absorption !
Quid du stockage ?
Votre séance est terminée. Alors comment faire pour ranger la corde : Faut-il la lover ou la ranger dans un sac ?
Chacun sa chapelle, car chaque méthode a ses avantages.
Porter la corde lovée sur le sac est tout de même stylé et a un délicat goût old school.
Mais il y a lovage et lovage. Plus vos brassées seront longues (méthode 2 sur la vidéo), moins l’opération la fera toronner.
D’un autre côté, le sac à corde présente le gros avantage, pour le stockage à la maison de protéger la corde des UV si destructeurs.
Quelle que soit la méthode que vous adopterez, une fois rentrés à la maison, il est impératif de stocker votre corde à l’abri de la lumière. Et si d’aventure elle est humide, de la faire sécher au préalable.
Enfin, mais c’est une question de bon sens, lors du transport dans le coffre de la voiture ou du stockage, bannissez tout contact avec des produits chimiques ou corrosifs !
Laver la corde ?
Même si cela n’est pas une opération de routine, il est bien sûr possible de laver votre corde suite par exemple à un passage dans de la boue, pour ne prendre que cet exemple.
Là aussi quelques précautions s’imposent comme nous vous l’avions exposé dans un autre article. En particulier en employant du savon doux, puis en la faisant sécher à l’abri de la lumière.
Quand remplacer votre corde ?
Pour des grimpeurs qui évoluent majoritairement en tête, l’usure de la corde survient assez proche des extrémités (zone de frottement maximal avec le mousqueton qui fait point de renvoi lors des chutes). Une première étape avant le remplacement de la corde passe donc souvent par le fait de la raccourcir afin d’éliminer les zones trop usées.
Mais plus généralement, les facteurs suivants doivent vous conduire à remplacer celle-ci :
– Dès que son aspect, l’évolution de sa souplesse ou autre font que vous commencez à ne plus avoir confiance en elle.
– Dès que la gaine présente une usure importante, avec comme repère ultime que vous commencez à voir apparaître l’âme de la corde.
– Dès que vous notez la présence, soit d’une hernie, soit d’une zone de « dépression » (comme s’il manquait un morceau d’âme).
– À la suite d’une chute exceptionnelle, lors de laquelle la corde a pu frotter par exemple sur une arête.
– Si vous avez dû tirer une voiture avec 🙂
Vous voilà parés.
Prenez soin de votre corde ; elle vous le rendra et surtout une corde bien entretenue et en bon état ne viendra jamais gâcher votre plaisir lors de vos séances de falaise !