Les jetés : comment dynamiser en escalade ? (1ère partie)
Les jetés sont, sans aucun doute, les mouvements les plus excitants que l’on puisse trouver en escalade. Parce qu’ils sont super gymniques et impliquent un total engagement de la part du grimpeur, sans retour possible. Toutefois, les réaliser avec efficacité et fluidité n’est pas toujours évident et peut demander un certain apprentissage. Explications.
Certains grimpeurs accèdent très facilement à la dimension dynamique de l’escalade. C’est pour eux comme un jeu qui pimente les séances de bloc. D’autres, en revanche, ont plus de mal à se lâcher et à envoyer naturellement de gros jetés. Les raisons peuvent être multiples : problèmes de coordination, peur de la chute, inhibition liée au caractère aléatoire du mouvement…
Pourquoi est-il nécessaire d’ajouter les jetés à son bagage gestuel ?
Maîtriser cette composante est essentiel en escalade. C’est un facteur de progression important. Pourquoi ? D’abord, parce que les jetés permettent de s’économiser dans une voie (en sautant par exemple toute une séquence nécessitant beaucoup de tenue de prise ou impliquant de gros blocages). Ensuite, parce qu’ils sont parfois la seule solution pour atteindre des prises qui semblent inaccessibles de prime abord, tant elles sont éloignées.
J’ajouterais que plus vous êtes petit, plus vous avez intérêt à explorer cette dimension gestuelle. Car à mesure que vous progresserez, vous serez de plus en plus confrontés à des passages ne présentant pas de difficulté particulière pour un grand, mais s’avérant vite irréalisables pour vous si vous vous cantonnez aux solutions statiques. Alors plutôt que de jouer les Calimero (“c’est vraiment trop injuste”), mieux vaut savoir jeter !
Principes de base
Le jeté est un mouvement balistique. Il implique : 1. une bonne coordination, 2. de la force dans les jambes pour pousser efficacement, 3. de la confiance en soi et en ses capacités de réussir, 4. du gainage et une conscience aigüe du corps, ainsi que de son positionnement dans l’espace afin de maîtriser les trajectoires et contrôler les balans à l’arrivée du mouvement.
Tout ceci ne s’acquiert pas en un jour. Vous pouvez bien évidemment développer le côté physique : c’est-à-dire améliorer votre force et votre coordination en faisant des montées sans les pieds sur un Pan Gullich par exemple, ainsi que des séries de bondissements au sol pour gagner en explosivité dans les jambes. Mais rien ne remplacera un travail dans le geste et l’exploration systématique des différents types de jetés.
Comment progresser en jeté ?
Observez les grimpeurs forts à la salle, ceux qui réussissent à jeter à tous les coups. Il y a beaucoup à apprendre en analysant leur gestuelle. Regardez en particulier leur prise d’élan et le déclenchement du mouvement, la manière dont ils se balancent avant de lâcher une (ou deux) mains, la hauteur à laquelle ils montent les pieds pour pousser efficacement sur les jambes, le positionnement de leur centre de gravité au départ du mouvement, puis à l’arrivée, le moment où ils lâchent la main du bas…
Cherchez ensuite à reproduire ce que vous avez vu. Essayez d’abord dans des petits jetés, avec de bonnes prises de mains au départ et à l’arrivée, et des pieds faciles à charger. Puis, à mesure que vous progressez, complexifiez les situations et éloignez l’écartement entre les prises. Sur un pan ou dans une salle de bloc, c’est idéal. Vous pouvez faire varier les profils, la hauteur, la taille ou le nombre des prises de pied que vous choisissez d’utiliser, décaler de plus en plus les deux mains de départ, inventer des mouvements où les pieds décollent à l’arrivée… Les situations sont infinies. À vous de jouer !
Ça vous a plu ? Retrouvez la suite de notre dossier dédié aux mouvements dynamiques avec quelques trucs essentiels pour jeter comme un cochon !
Taquinerie: je trouve que les jetés ne sont plus «les mouvements les plus excitants que l’on puisse trouver en escalade» depuis la popularisation en compétition des problèmes dynamiques de coordination sur un style parkour (il y a un terme consacré pour ça d’ailleurs?) qui se retrouvent aujourd’hui ponctuellement dans de rares salles de bloc. Un article dessus bientôt?