Grimpeurs précoces : À l’assaut du 9 !

Mutant ! Hallucinant ! Surhumain ?

De tels qualificatifs ne manquent pas de fleurir lorsque les réseaux sociaux ou les revues spécialisées relayent les performances de jeunes pousses de l’escalade.En effet, qu’une gamine ou un gamin de moins de 12 ans puisse enchaîner des blocs ou des voies en 8, cotation que 80 % des grimpeurs adultes ne pourront jamais imaginer faire qu’en rêve peut laisser perplexe.

Quoique admirables, les performances de ces enfants n’ont peut-être rien de magique, ne sont probablement pas le résultat de manipulations incertaines, voire de l’inoculation de nano-particules aux effets surpuissants. Elles ne sont pas si rares et ne sont pas le fait d’une génération spontanée. Il suffit de regarder autour de nous et pas si loin au-delà de nos frontières…Par exemple, saviez-vous qu’en 2011, le regretté Tito Traversa, âgé alors de 10 ans, cochait son premier 8b+ ? Ou que, il y a quelques jours seulement  – Breaking news – le jeune Gianluca Vighetti venait de passer le cap du 9a, à tout juste 12 ans ?

De telles croix conduisent cependant à nous interroger sur différents aspects : capacités des enfants et différences par rapport aux adultes, entraînement et même système de cotation. C’est ce que nous vous proposons d’aborder dans cet article. Où nous nous appuierons particulièrement sur les expériences d’Estéban Tournus (10 ans), Jules Henry (8 ans), Théo Blass (11 ans) et Tristan Chouvy (11 ans), dont les performances en bloc ou en falaise ont été très remarquées ces derniers mois.

Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, nous tenons absolument à remercier Guillaume, Philippe, Vladimir et Pierre-Arnaud, leurs papas respectifs, pour les réflexions qu’ils ont bien voulu partager avec nous.

Escalade et performances

Chacun vit sa passion de l’escalade d’une façon qui lui est propre. Mais nous pratiquons bien une activité qui est en permanence traversée par la notion de performance. Ne serait-ce parce qu’on y fait constamment référence à un système de cotation.

Si besoin était, rappelons que la cotation d’une voie est une valeur subjective, établie par la mise en combinaison de plusieurs paramètres comme l’inclinaison du support, la longueur des itinéraires, la densité en prises et les caractéristiques de ces dernières (taille, forme, orientation), sans oublier leur disposition. Le tout analysé par la « boîte noire » d’une personne avec ses propres caractéristiques morphologiques ou athlétiques.

Ainsi la cotation « définitive » d’une voie est-elle un consensus obtenu suite à la mise en commun de différents avis. Comme, en général, les cotations sont proposées par des grimpeurs adultes, dont la taille moyenne ne diffère guère de la population générale, l’échelle des cotations s’avère donc plutôt être un système de référence créé par des adultes et adapté aux adultes.

Tristan Chouvy Alta 7c Bleau enfants morpho, escalade performance, La Sportiva, E9, Sattva
Tristan Chouvy, Alta (7c) © Jennifer Dziad

Une notion clé : la difficulté perçue

Dans les voies faciles, la densité de prises est telle que la perception de difficulté pourra être identique entre deux personnes aux morphologies très différentes. Quelle que soit sa taille, son poids, son envergure, la dimension de ses doigts, chacun trouve souvent des prises utilisables.

Cependant, dès que la difficulté augmente, la contrainte perçue va dépendre de plus en plus des paramètres évoqués ci-dessus, mais aussi des capacités propres à chacun (capacité de lecture, capacités de force ou d’endurance, capacités de souplesse, etc…). Une voie lambda pourra ainsi être gravie de plusieurs façon possible, chaque grimpeur mettant en jeu ses propres ressources (plus en force, plus en coordination…). Au final la perception de difficulté (donc la cotation) pourra tout à fait se situer dans un éventail limité.

Mais que dire d’une voie de haute difficulté, gravie par deux personnes, une mesurant 1,75 m et l’autre culminant à 1,25 m ? Et bien ce n’est plus du tout le même itinéraire !

Jules Henry, 8 ans, lorsqu’il a gravi Sacrilège au Saussois (8a+ tout de même), a utilisé des prises complètement distinctes de celles qu’utilisent les adultes et a effectué un nombre de mouvements bien supérieur. Pour lui, la voie est-elle 8a+ ou doit-on lui attribuer une cotation différente ?

Jules Henry - Fixin performance entraînement analyse escalade
Jules Henry, Fixin © Matthias Paré – Coll Henry

Et en bloc, discipline où les options gestuelles sont parfois moins nombreuses qu’en voie, cette différence peut s’exacerber. Par exemple, dans Sale gosse ou dans Duel, (7C+ et 8A bloc), la difficulté est autre et ailleurs que pour les adultes. Mais il n’est pas possible de dire si elle est inférieure ou supérieure. C’est ce que constate Pierre-Arnaud après l’ascension réalisée par son fils Tristan, 1,40 m sous la toise.

La cotation est donc bien une référence toute relative. Cela n’enlève rien aux performances réalisées par ces petits bouts de choux, au contraire.En tout cas cela rend très difficile de définir ce qu’est une performance en escalade et donc de comparer deux prestations.

La cotation : référentiel externe ET interne de la performance

La cotation est pourtant bien une référence utile mais sa portée est limitée en ce sens qu’une partie des facteurs qui la conditionne appartient à des déterminants internes. Tout est question de point de vue, ou de point de référence.

Pour prendre un exemple tiré d’une activité que tout le monde connaît : tout le monde s’accordera sur le fait qu’un enfant ne courra jamais plus vite qu’un adulte. Un adulte mettra toujours moins de temps à parcourir 5000 mètres qu’un enfant. Et effectivement la capacité maximale de consommation d’oxygène (VO2 max), facteur déterminant pour la performance sur 5000 mètres est bien supérieure chez l’adulte par rapport à l’enfant, lorsqu’elle est exprimée en valeur absolue. Normal : l’adulte est plus grand, ses poumons sont plus grands aussi.

Pour autant, si on normalise la VO2 max en la rapportant au poids, et bien on constate que chez un enfant de 10 ans, elle est équivalente voire supérieure à celle de l’adulte. Malheureusement, ses jambes restent plus petites et son économie de course n’est pas encore optimale, d’où des chronos sur 5000 moins bons chez les enfants que les adultes.

On vous le disait, tout est question de point de référence.

Tristan Chouvy Super prestat entraînement enfants escalade
Tristan Chouvy, Super Prestat (7b+) © Pierre-Arnaud Chouvy

Enfants grimpeurs et profil haut niveau

Des qualités mentales hors du commun

On s’en doute, le premier trait commun à Estéban, Jules, Théo ou Tristan est leur motivation. Une motivation essentiellement intrinsèque. Ils s’amusent en grimpant, à tel point que leurs parents doivent parfois les freiner.

Pour eux, l’entraînement est aussi une occasion de jouer avec les agrès. C’est bien de leur âge et cet enthousiasme est le premier pilier de leur réussite.

Une autre des grandes forces communes à tous ces enfants est liée à leur jeune âge : ils ne subissent pas autant que les adultes la charge symbolique portée par telle ou telle voie, par la cotation (passer du 6 au 7 ou du 7 au 8). Quand bien même, ils ont la capacité de sortir de ce carcan mental qui peut leur être transmis par leur entourage adulte. « Ils sont capables de casser les codes » comme le dit bien Pierre-Arnaud. Mais cela ne suffit pas.

Car il ne faut pas croire qu’ils ont réalisé toutes leurs croix en 2 séances ! Ainsi, pour Théo, la réalisation de Guerre d’usure, à Claret, a-t-elle pris 2 mois !

Théo Blass falaise escalade entraînement enfants
Théo Blass © Vladimir Arnaoudov

Tous, confrontés à la difficulté, ont dû innover et trouver des méthodes faisables. Car ils ne pouvaient pas réaliser celles des adultes. Un tel processus ne va pas de soi. Et pour eux comme pour chacun qui se confronte à ses propres limites, il s’est accompagné de moments de doute, découragement, colère et frustration, et sans doute de larmes aussi. Mais c’est par leur acharnement à retourner au mastic qu’ils mènent leurs projets à terme. Combien d’adultes sont capables de cela ?

Une fréquence de pratique élevée

Cela ne surprendra sans doute personne. Mais pour tous ces jeunes grimpeurs qui perfent, on peut relever que le temps passé sur le rocher dépasse largement celui de bon nombre d’entre nous : Jules grimpe en moyenne 12 jours par mois en falaise. Estéban quant à lui écume les blocs de Fontainebleau 16 jours par mois… Ça vous laisse rêveur ?

Estéban Tournus perf Super prestat enfants mutants escalade
Estéban Tournus, Super Prestat (7b+) © Coll Tournus

Globalement, en tout cas pour ce qui concerne les témoignages recueillis, la forme d’entraînement principale reste l’escalade sur le rocher. Même si cela n’exclut pas d’autres formes de sollicitation. Durant les périodes de confinement, Jules grimpait ainsi en moyenne 4 à 5 fois par semaine sur le pan. Estéban pratique la gymnastique à très haut niveau. Tous s’amusent plus ou moins régulièrement sur des agrès comme la poutre, les anneaux ou le pan Güllich, mais sans que cela ne soit jamais systématisé. Car, point commun à tous les témoignages recueillis, les parents font toujours en sorte de réguler, voire limiter cette pratique, afin de limiter les risques de blessure.

Attention, un entrainement physique intensif chez des enfants n’ayant pas atteint la puberté peut conduire à des lésions de surmenage. Cela ne signifie pas qu’il faut exclure tout entrainement physique mais cela doit s’envisager de manière très raisonnée et contrôlée.

La Fabrique Verticale

Les parents : un rôle clé !

Les quelques témoignages que nous avons recueillis ne démentent pas ce qui a été déjà largement démontré par la littérature scientifique. Le rôle des parents et plus largement l’environnement dans lequel évoluent ces grimpeurs prodiges est déterminant, au même titre que leurs qualités propres. Et plusieurs constantes apparaissent :

Des parents qui grimpent

Une constante est que ces enfants ont au moins un de leurs parents qui est grimpeur, de bon, voire très bon niveau (c’est le cas aussi pour Brooke ou Shawn Raboutou, Eliot Barnabé, Diego Fourbet ou Adam Ondra). À tout le moins on trouve, pour les enfants qui évoluent à haut niveau, une personne de l’entourage proche très disponible (c’est le cas pour Oriane Bertone ou Ashima Shiraishi).

Estéban Tournus - no limit 7c/+
enfants perf escalade
Estéban Tournus, No limit (7c/+) © Coll Tournus

C’est un avantage de taille par rapport au commun dès qu’il s’agit d’amener son enfant sur les sites de pratique, de lui ouvrir des passages adaptés sur un mur. Pour l’accompagner et l’encourager dans la recherche de méthodes ? Voire pour le guider vers des blocs ou des voies potentiellement réalisables.

Des parents qui régulent

Estéban, Jules, Théo ou Tristan ont aussi la chance d’avoir des parents qui respectent leurs désirs de grimper. Mais sont aussi capable de les réguler. « Leur faire accepter de se reposer, arrêter une séance pour économiser la peau, adopter une stratégie d’essais efficace » indique Pierre-Arnaud. « Ou prendre des précautions dans l’usage de certains agrès, comme le pan Güllich par exemple » évoque Vladimir.

Jules Henry se prépare à grimper
enfants mutants grimpe
Jules Henry, prêt à grimper ! © Matthias Paré – Coll Henry

Et puis, même si les enfants ont une force mentale très importante, ils ont aussi les réactions émotionnelles qui correspondent à leurs âges et leur immaturité. Comme le dit bien Vladimir, « les épisodes orageux peuvent être fréquents ». C’est une chance alors d’avoir des parents qui apprennent à relativiser, à prendre du recul, bref à tirer les bonnes leçons de ses difficultés ou échecs temporaires.

Croissance et développement de l’enfant

Pour finir cet aperçu, il nous paraît intéressant de nous tourner vers les connaissances physiologiques, relatives aux processus de développement et de maturation des enfants. Et ce que l’on constate au travers des études menées depuis longtemps déjà sur les jeunes sportifs conduit à démystifier un peu les performances exceptionnelles réalisées par certains enfants dans notre sport.

Estéban Tournus projet Bretagne
enfants mutants escalade
Estéban Tournus, projet, Bretagne © Coll Tournus

Croissance et maturation

Les enfants ne sont pas simplement des adultes qui seraient plus petits. Leur croissance est marquée par des phases d’accélération et de ralentissement. Leurs proportions corporelles subissent des changements considérables. Et la maturation de leurs différents systèmes ou fonctions physiologiques passent par des étapes qui affectent les performances motrices. Il y a donc parfois de grands décalages entre âge osseux, âge physiologique et âge chronologique. Et à tout cela se rajoutent de fortes différences interindividuelles.

Théo Blass Saint Léger du Ventoux enfants mutants escalade
À la recherche des méthodes de Crackinette ©Vladimir Arnaoudov

Nos jeunes grimpeurs ne font pas exception à la règle. Il y a entre eux de grandes différences à âge équivalent. Si Jules n’est pas très grand pour son âge, Gianluca, que nous citions en début d’article mesure déjà 1,70 m. Il est plus grand que Ramonet et pas mal que d’autre grimpeurs adultes de haut-niveau. On ne peut donc pas expliquer leurs performances au moyen d’un seul dénominateur commun, pourtant si souvent avancé : « ils sont plus légers » ou « ils ont de plus petits doigts » etc.

A fortiori, comme nous le fait remarquer Vladimir, si on observe la grande variété des styles dans lesquelles les performances sont réalisées. Chacun, enfant comme adulte va s’exprimer dans un style préférentiel en fonction de ses caractéristiques propres.

Entraînement et entraînabilité

Aborder l’entraînabilité des enfants n’est pas chose plus aisée. En raison notamment des facteurs évoqués ci-dessus. Mais cette question de l’entraînabilité est très riche. Car elle renvoie à deux aspects distincts : les enfants sont-ils « réceptifs » à l’entraînement quel que soit leur âge ? L’entraînement a-t-il des effets sur les enfants, qui vont au-delà des évolutions liées à la croissance elle-même ? Les connaissances en ce domaine ont beaucoup progressé ces 30 dernières années et nous permettent aujourd’hui d’aborder plus finement le sujet.

Les habiletés motrices

Les habiletés motrices ou coordinations dépendent en premier lieu du développement du système nerveux. Ce qui a depuis longtemps été mis en évidence, c’est que dès l’âge de 6-8 ans, les structures nerveuses sont proches de celles de l’adulte. Et les patterns moteur de base (par exemple la locomotion) sont établis.

Cet âge est donc considéré comme un âge d’or pour les apprentissages moteurs. Et un entraînement bien mené permettra de développer chez l’enfant des patterns extrêmement complexes. Et c’est toujours émerveillant de voir la vitesse à laquelle de jeunes grimpeurs assimilent des coordinations comme des skates par exemple, après juste une ou deux démonstrations.

Pour avoir grimpé plusieurs fois en compagnie de Tristan ou Estéban, nous avons pu constater combien leur motricité sur le rocher était déjà très efficiente.

Estéban Tournus secret spot Bretagne Performance enfant escalade
Estéban Tournus, secret spot, Bretagne © Coll Tournus

Notamment il était étonnant de voir comment s’organisait la pose des pieds. Apparemment brouillonne et peu « académique » (par exemple la carre interne était fréquemment engagée, comme chez les débutants), on aurait pu la qualifier « d’instinctive ». Elle reflétait cependant un niveau de sensibilité hors du commun. Et surtout, elle permettait de créer des appuis extrêmement solides sur lesquels pouvaient s’organiser des poussées de jambes efficaces.

En quelque sorte, on avait là l’expression d’une habileté de base (la locomotion à 4 pattes) développée « spontanément » à un haut niveau d’efficacité, même sur un terrain vertical. Phénomène qui par ailleurs plaide pour l’utilisation de chaussons no-edge chez les enfants et adolescents, en tout cas de modèles souples que ces poids ultra-légers peuvent déformer.

La force musculaire

L’entraînement de la force musculaire, dans les représentations communes, a longtemps été déconseillé chez les enfants et les pré-adolescents. En partie car cet entraînement, typiquement, devait requérir l’usage de charges additionnelles ou des machines.

Aujourd’hui les conceptions ont bien évolué. Bien sûr l’usage de charges additionnelles reste proscrit jusqu’au moment où le squelette a quasiment terminé sa maturation. Mais la pratique d’exercices de force avant l’adolescence, pour autant qu’elle soit bien encadrée est même plutôt recommandée. Et des gains de force sont obtenus suite à des périodes d’entraînement, même chez des enfants ou des pré-adolescents.

En l’occurrence, les progrès observés alors sont liés non pas à l’augmentation de la masse musculaire, mais à l’amélioration des coordinations, des facteurs nerveux en somme.

Duel Bleau Performance enfants
Estéban Tournus
Estéban Tournus, Duel (8a) © Coll Tournus

Pour revenir à nos grimpeurs, ils démontrent bien sûr des niveaux de force qui sont bien supérieurs à ceux observés chez ds enfants sédentaires. Mais qui ne sont pas pour autant surhumains. Et variables d’un enfant à l’autre. Par exemple Estéban, qui, nous le rappelons, pratique la gymnastique à haut niveau, est capable de réaliser plusieurs muscle-ups aux anneaux et tracte à un bras. Chose que ne fait pas – encore – Théo, même s’il est capable de tracter une quinzaine de fois à deux bras sur une réglette de 15 mm.

L’endurance musculaire

L’endurance musculaire réagit également très bien à l’entraînement. Cela avait été montré dès 1966 ( !) par Ikai. Un groupe de jeunes garçons âgés de 6 à 14 ans avait alors suivi un entraînement à une intensité correspondant à 30 % de leur force maximale, 6 jours par semaine, pendant 5 semaines.

L’endurance musculaire avait augmenté de façon significative pour toutes les classes d’âge (+34 à 60 % chez les enfants entraînés ; de -4 à + 6 % dans le groupe contrôle). La force maximale avait aussi augmenté, de 6 à 34 %. Ce phénomène étant le plus marqué chez les plus jeunes.

Ainsi, lorsque Théo réalise 30 tractions à la barre, il fait sans doute beaucoup mieux que beaucoup d’adultes. Mais il n’est pas anormal pour autant.

La puissance

La puissance fait référence au métabolisme anaérobie qui est le moins étudié chez l’enfant, en grande partie pour des raisons éthiques, car les investigations font appel à des exercices pénibles (ceux qui font de la puissance ou de la résistance à haute intensité à la poutre ou sur le pan Güllich comprendront) et à des recueils de mesure assez invasifs (lactatémie ou pH par prélèvements sanguins).

Pour autant, un certain nombre d’études suggèrent que la puissance des enfants augmente de façon significative après des entraînements à haute intensité (+ 14 % chez des enfants de 10 ans, suite à une période de 9 semaines). Les mécanismes d’adaptation sont encore cependant peu clairs.

Tristan Chouvy la planquée
Performances escalade enfants, La Sportiva, E9, Sattva
Tristan Chouvy, La planquée (6a+) © Pierre-Arnaud Chouvy

L’endurance

Il est reconnu que les paramètres déterminant l’endurance (prise au sens aérobie du terme) sont assez peu sensibles à l’entraînement avant l’apparition de la puberté.

Pour autant, ce métabolisme est très efficace chez l’enfant : Alors que l’atteinte d’un état stable au cours de l’effort prend 3 minutes chez l’adulte environ, ce temps de latence se réduit à 1 minute chez l’enfant. Ce qui lui permet de switcher bien plus facilement que l’adulte entre différents régimes de travail. En d’autres termes, switcher physiologiquement très rapidement en mode récupération dès que les prises grossissent. Ce que les adultes ont plus de difficulté à faire.

Tristan Chouvy. Beurre Marga
Quand les enfants réalisent des performances E9, Sattva, La Sportiva
Tristan Chouvy, Beurre Marga (6b+), Fontainebleau © Pierre-Arnaud Chouvy

Pour conclure

L’escalade est souvent présentée comme un sport jeune. C’est à la fois vrai et faux. Il y avait déjà des grimpeurs à Bleau au milieu du siècle précédent. Et la généralisation de l’escalade libre a presque 50 ans. Pour autant, l’élargissement de la pratique à l’ensemble de la population est plus récent. Non pas qu’il soit difficile pour les 6-7 ans d’accéder à un club par exemple. Mais pour faire référence aux performances évoquées au fil de cet article, peu d’enfants, si tant est qu’ils aient les qualités, l’envie de grimper intensivement, ont la chance d’avoir des parents grimpeurs qui leur donnent la possibilité de grimper beaucoup. Les enfants qui grimpent dans le 8ème degré sont certes peu nombreux. C’est, d’une certaine manière, normal car ces performances sont d’un très haut niveau. Mais finalement ils ne sont peut-être pas si différents de leurs copains d’école. Comme le dit Pierre-Arnaud, « il y a sûrement des petits mutants qui s’ignorent un peu partout ».

Ascensions marquantes

Nous avons demandé à chacun des parents, quelles ascensions leur avaient paru marquantes, pour eux comme pour leurs enfants. En voici un florilège :

Estéban Tournus

Duel (8a), Fontainebleau, à 10 ans. Pour conjurer le sort, dixit Guillaume : « Je me suis luxé le pied en tombant au dernier mouvement il y a 10 ans et Estéban le réalise à l’âge de 10 ans ».

No limite (7c/+), Fontainebleau. une ouverture familiale

Golden Feet (8a+), Fontainebleau. C’est à ce jour le bloc le plus dur qu’il a réalisé dans la séance.

Esteban Tournus - Golden Feet
Performance des enfants escalade
Estéban Tournus, Golden Feet (8a+) © Coll Tournus

Jules Henry

All you need is love (7b+), Rémigny, à 7 ans.

Chimpanzodrome (7c+), Saussois.

Sacrilège (8a+), Saussois, à 8 ans.

Jules Henry à Fixin par matthias paré
Escalade performances enfants
Jules à Fixin © Matthias Paré – Coll Henry

Théo Blass

Souvenir du Pic (8c), Saint Guilhem, à 10 ans.

La Gouverne Mentale (8b+), St Léger. Ça a été sa bête noire pendant plusieurs mois.

Super Samson (8c), Claret. Une voie où il a vu beaucoup d’adultes très forts essayer et abandonner car le crux est très bloc.

Tristan Chouvy

La Marie-Rose (6a), Fontainebleau à 8 ans. Après son premier 7a, mais tout aussi impressionnant.

L’angle incarné assis (7b+), Fontainebleau, à 9 ans.

Duel (8a), Fontainebleau, à 10 ans. Parce que c’est dur et beau mais surtout parce qu’il fallait oser l’imaginer possible à cet âge, qu’il fallait ignorer les avis de ceux qui pensaient la chose impossible.

enfant performance escalade Tristan Chouvy sale gosse E9 La Sportiva
Tristan dans Sale Gosse (7c+) © Pierre-Arnaud Chouvy

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