ArtBoard : La Fabrique verticale a testé la nouvelle poutre d’ArtLine
Quoi de mieux qu’une période de reconfinement pour tester un nouvel outil d’entrainement ? Bon, on n’ira pas jusqu’à dire qu’on aime cette pandémie et les phases de Stop and Go qui en découlent… Mais autant mettre à profit les périodes de séjour forcé à la maison pour renforcer les doigts. Et ça tombe bien, ArtLine a sorti une nouvelle poutre en bois, la ArtBoard. La Fabrique verticale l’a testée pour vous.
ArtBoard, c’est donc le nom de la toute nouvelle poutre en bois que sort la marque de prises et d’agrès française ArtLine. Au programme, des lignes épurées, un super design et des préhensions confortables. La Fabrique verticale l’a reçue à point nommé, au début du reconfinement. Par conséquent, on a eu tout loisir de se prendre dessus, à défaut de se pendre tout court 😉
En effet, l’accès aux salles n’étant plus possible et les sorties en falaise normalement soumises à un régime de dérogations, c’était un peu la tristitude ! D’ailleurs le reconfinement a pu être vécu par certains grimpeurs comme une punition. Mais il faut savoir rester positif ! En tout cas, c’est notre avis, à La Fabrique verticale. Mais c’est vrai que de notre côté, on n’a pas trop eu à se plaindre 😉
ArtBoard, la conception
Mais, trêve de blabla… Une chose est sûre, la marque française ArtLine est toujours en quête d’innovation. Et ça se confirme avec ce nouveau board. Car sortir une poutre pour sortir une poutre, ce n’est pas franchement la philosophie de Brice Anziutti, le boss d’ArtLine. D’autant que le marché de la poutre en bois est déjà bien encombré et, pour tout dire, littéralement trusté par la fameuse Beastmaker.
C’est pourquoi la conception de cet ArtBoard a été tout spécialement étudiée pour qu’elle apporte vraiment quelque chose en plus, en termes d’expérience, à l’utilisateur. Pari tenu, car d’un simple regard, on note des différences de taille par rapport à n’importe quelle autre poutre en bois. À commencer par la grosse poignée qu’on trouve en bas, pour travailler la traction à un bras et éventuellement accueillir un élastique pour s’alléger au cours des suspensions.
ArtBoard, un travail collectif
Par ailleurs, cette nouvelle poutre, c’est vraiment le fruit d’un travail d’équipe. Car plusieurs grimpeurs reconnus sont intervenus tout au long du process de conception. Jérémie Cogan, tout d’abord, qui est un fort bleausard mais aussi un ostéopathe, ce qui est un vrai avantage pour œuvrer à l’ergonomie des préhensions. Elliot Defrenne, ensuite, qui a travaillé au design de la poutre, à l’aide d’un logiciel de modélisation 3D.
Enfin, Clément le Chaptois, bloqueur et falaisiste de haut-niveau qu’on ne présente plus. Il a été conseiller technique sur ce projet et a validé la poutre suite à un test d’utilisation approfondi. Un gage de qualité, puisqu’on sait que Clément est expérimenté à la matière et a aussi participé au développement de la Smartboard, une autre pépite que nous avions présentée.
Premier contact
Pas de fioritures ! Les concepteurs ont opté pour les préhensions les plus classiques et les plus fonctionnelles possibles. Par ailleurs, on notera que toutes les prises de la ArtBoard ont une profondeur et des angles bien ergonomiques. En fait, les rebords sont arrondis et jamais douloureux. Et chacune des prises a un rayon de courbure qui lui est propre.
Cette spécificité a été rendue possible par l’utilisation d’un usinage 5 axes. Un must en matière de fabrication, mais qui se répercute aussi sur les coûts. Revers de la médaille… Cela dit, l’objet fini est beau et fonctionnel. À La Fabrique verticale, on a bien aimé le gros plat supérieur, prévu pour les suspensions à une ou deux mains. Son inclinaison, 20°, ressemble un peu au plat central de la Beastmaker 2000, en un peu moins profond.
Les préhensions, dans le détail
Les deux bacs latéraux sont confortables et optimaux pour la phase d’échauffement.
Le reste des prises (règles, bi-doigts et monos), ont des profondeurs variées et cohérentes. Elles permettent à la fois de faire de la force ou de la rési, selon qu’on travaille à un ou deux bras. L’accent a surtout été mis sur les règles, dont on a un choix conséquent. Presque trop 😉 Il y a aussi une bonne prise centrale, bien ergonomique.
Les trous, bis et monos, sont moins représentés que sur une Beastmaker. Mais finalement il y en a suffisamment. Et sauf à vouloir se préparer spécifiquement pour un projet ultime au Frankenjura ou à Buoux, on n’a pas tant besoin de ce type de prises à la maison en fin de compte 😉 Au passage, notons que les monos ont un diamètre un peu plus larges que sur une “Beast”. Pas plus mal : ça évite de verrouiller le majeur 😉 Le diamètre des bi est également assez confortable.
Idée intéressante : les bi-doigts ont été prévus pour un travail soit annulaire-majeur soit majeur-index (préhension dite en pistolet), grâce à une excavation qui autorise le majeur à aller buter plus loin, un peu comme sur la Bämboard. Autre idée judicieuse : les lattes sont disposées en étages. Ainsi cela évite aux poignets un désagréable point de pression s’ils devaient s’appuyer sur la prise inférieure. En revanche le dernier étage est peut-être un peu large, ce qui rend la meilleure des réglettes un peu redondante par rapport à la grosse prise centrale.
Halte à la symétrie
Enfin, et c’est une des originalités de cette ArtBoard, les couples de réglettes ne sont pas disposés de manière symétrique, comme c’est le cas habituellement sur la majeure partie des poutres du marché, de part et d’autre de l’axe central. Mais au contraire, ils sont décalés deux à deux. Ainsi l’écart entre deux prises d’un même type est toujours le même, à savoir 40 cm.
Du coup, c’est moins traumatisant pour les articulations. Sur les autres poutres généralement, un couple de mêmes prises se retrouvent très excentrées l’une par rapport à l’autre et obligent le grimpeur à les saisir en prise large. C’est le cas par exemple sur la célèbre Beastmaker 2000, quand vous prenez les deux plus petites réglettes du bas.
Dans ce cas, soit vous engagez légèrement les épaules mais vous vous retrouvez alors en blocage à 120°/90°, pour que les poignets restent verticaux et travaillent bien dans l’axe. Soit vous les prenez bras tendus… Mais vos bras se retrouvent en V, avec le risque de ressentir un léger pincement au niveau des épaules. Et potentiellement aussi des douleurs qui apparaissent au fil du temps au niveau des poignets…
En revanche, une des limites de cette disposition non symétrique, c’est que si vous avez l’habitude de travailler avec le pouce, en semi-arqué en pinçant le bord de la prise, là, vous ne pourrez pas vraiment le faire. Ou en tout cas que d’un seul côté…
Le plus produit, la barre à traction à un bras
L’aspect, sans conteste, le plus original de cette poutre, c’est la présence d’une poignée. Idéal pour travailler la traction d’un bras ! Et/ou permettre la fixation d’un élastique, pour s’alléger lors des suspensions. Tout au plus, regrettera-t-on qu’elle ne soit pas légèrement plus large, avec un peu plus d’espace au dessus, pour permettre aux grosses mains de passer plus facilement. Et également pour faciliter l’utilisation d’un élastique dans le cadre du travail de la traction 1 bras.
Cela dit, pour pouvoir installer un élastique si besoin pour le travail des blocages ou de la traction d’un bras, on peut toujours passer une cordelette sur la poignée 😉
Le prix
En termes de prix, la poutre ArtBoard devrait sortir autour de 150 euros. Pour ceux qui sont intéressés, on peut l’acheter ici. Certes c’est un peu plus cher qu’une Beastmaker. Mais en fin de compte, il nous semble à La Fabrique verticale que cela se justifie. Car il s’agit tout de même d’un produit beaucoup plus abouti, légèrement plus grand, offrant surtout beaucoup plus de préhensions.
Cela dit, si votre budget est limité, vous pouvez aussi vous orienter vers la poutre Witch, que nous vous avions présentée sur La Fabrique verticale. Et qui offre, elle aussi, l’avantage de présenter un panel de préhensions beaucoup plus vaste qu’une Beastmaker…
Artboard en bref
La nouvelle poutre ArtBoard d’ArtLine se distingue de la concurrence par la beauté de son design et par des fonctionnalités qu’on ne retrouve pas sur d’autres poutres en bois classiques. En particulier, la barre à traction 1 bras en bas de la poutre et des préhensions décalées deux à deux, pour maintenir un écart ergonomique de 40 cm.
Évidemment, c’est un objet un peu plus cher qu’une classique Beastmaker, vers lequel se tournent généralement les grimpeurs par une sorte de réflexe conditionné. Sans trop réfléchir qu’ils ne tiendront ni les plats, ni les monos. Et n’utiliseront pas forcément toutes les déclinaisons de bi et tri présentes…
Bref, à La Fabrique verticale, nous avons plutôt bien aimé cette ArtBoard. Car c’est un produit ultra fonctionnel et bien fini. En termes de prix, il se classe évidement plutôt dans la catégorie haut de gamme. Mais il peut faire un beau cadeau de Noël à placer sous le sapin, puisque sapin il y aura, en dépit de ce que nous avons vécu et continuons à vivre cette année 😉