Escalade : avez-vous mal au poignet ?

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Il y a de multiples façons de se blesser en escalade. Malheureusement… Les pathologies liées aux doigts (ruptures de poulie, ténosynovites…), aux coudes (épicondylites) ou aux épaules (luxations) sont bien connues. Celles concernant les poignets, en revanche, sont plus complexes. Et souvent négligées, en dépit de leur caractère tout autant invalidant…

Le complexe fibro-cartilagineux triangulaire (ou TFCC, de l’anglais Triangular Fibrocartilage complex) est parfois lésé chez le grimpeur. Et peut être à l’origine de douleurs chroniques, si cela n’a pas été bien diagnostiqué et pris en charge. Le TFCC est un cartilage situé dans l’articulation du poignet. Il est très important pour la stabilité de celle-ci et un fonctionnement optimal de la main.

Un peu d’anatomie

Le TFCC est une structure complexe, de mieux en mieux connue depuis quelques années. Il est composé d’une partie centrale triangulaire fibro-cartilagineuse. La base du triangle s’insère solidement sur toute la largeur du radius. Vers la pointe, le ligament se divise en deux couches qui s’insèrent sur l’ulna. L’une sur la styloïde et l’autre sur la fovea.

Sur les côtés de ce triangle, le TFC est bordé par deux ligaments, l’un en avant et l’autre en arrière, tendus entre le radius et l’ulna. D’autres composantes sont moins bien connues : un ménisque et des ligaments entre l’ulna et les os du carpe. Le TFCC a deux rôles essentiels pour le bon fonctionnement du poignet. D’une part, transmettre les forces entre l’avant-bras et la main. D’autre part, stabiliser l’articulation entre le radius et l’ulna.

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Poignet : causes de blessures

Dans la population classique, celle des non-grimpeurs, les lésions de TFCC apparaissent généralement en cas de fractures, par exemple du radius ou de l’ulna. Chez le grimpeur, la blessure va pouvoir provenir d’une mauvaise chute en bloc, quand on se réceptionne sur le poignet en appui. Mais, elle est plus souvent liée à une surchage, consécutive de mouvements répétitifs et traumatisants.

La douleur devient alors insidieuse et s’accompagne d’une instabilité de l’articulation. Les situations potentiellement fragilisantes sont l’utilisation de grosses prises plates, sous lesquelles on se positionne, poignets cassés. Ou bien encore, et en combinaison avec ceci, lorsqu’on se rétablit sur des gros plats ou au sommet d’un bloc, avec une forte composante de rotation et de compression.

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Symptômes

La douleur est généralement située sur le dos du poignet, et en particulier en regard du petit doigt. Si la douleur est traumatique, il peut y avoir un gonflement et une coloration bleutée. Et le poignet reste douloureux, y compris dans les gestes de la vie quotidienne. La douleur est vive sur le coup mais le diagnostic est souvent méconnu. Il n’est donc pas rare que les patients ne consultent que plusieurs mois après la situation ayant généré le traumatisme.

En cas de douleur chronique, qui est plus complexe à diagnostiquer, la douleur ne survient qu’à la pression, en palpant avec l’autre main ou en s’appuyant sur l’articulation. Il peut y avoir un bruit associé aux mouvements (un léger claquement) et une sensation d’instabilité de l’articulation.

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La douleur va également apparaître dans certaines positions particulières. Comme par exemple lorsque vous basculez votre poignet du côté de votre petit doigt ou que vous effectuez des rotations du poignet. Vous allez peut-être ressentir parallèlement une baisse de force dans le membre lésé. Notamment sur les plats ou lors des rétablissements.

Traitement

En cas de douleur au poignet, il n’est peut-être pas inutile de consulter. Pour plus de détail sur la lésion, il faudra faire un arthroscanner ou une arthroIRM. Les lésions traumatiques du TFCC ne sont pas facilement réparables. Car celui-ci se comporte comme un cartilage. Seules les zones d’insertion sur l’ulna et les bords antérieurs et postérieurs sont assez vascularisées pour cicatriser.

Dans les autres régions, on se contente de nettoyer les zones abimées pour éviter l’irritation de zones irrégulières dans l’articulation. Ce nettoyage est appelé débridement. Ce type de chirurgie est effectué sous arthroscopie. Après un traumatisme, la réparation aura d’autant plus de chances de cicatriser que la lésion n’est pas trop ancienne et le patient est jeune.

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Pour des pathologies plus anciennes et chroniques, on mettra le poignet au repos. Idéalement, en stoppant l’escalade et en consultant un kiné. Si vous faites le choix de continuer à grimper, visez des niveaux plus modérés. Et évitez les types de prises qui aggravent la situation, comme les gros plats ou les volumes. C’est juste une question de logique et de survie ! Inutile de stresser plus encore l’articulation…

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11 réponses

  1. Nicolas dit :

    Perso j’ai eu un espèce de déboitement du poignet gauche il y a des années (20?) lors d’un jeté sur un plat. J’avais consulté direct mais rien de détecté… A l’heure actuelle, même si en général je n’ai aucun soucis, j’ai toujours une faiblesse, principalement lors de relance sur plat en bloc, ou si je dois relâcher doucement la main suite a un pied main délicat.
    Çà n’a par contre pas l’air d’être la pathologie décrite ici.

  2. Amine dit :

    C’est ce que je soupçonne d’avoir aujourd’hui la suite en une série de jetés ratés… rien de visible en radio ni échographie… je ne sais plus quoi faire :-/

  3. Ghetto dit :

    Depuis juin j’ai exactement ce qui est décrit ici …. on m’a fait un diagnostic un peu bancal ou j’aurais à priori un léger déchirement du ligament triangulaire …
    résultat j’ai juste eu des infiltrations de corticoïdes. Environ 9 mois après je ça c’est légèrement amélioré m s toujours pas de grimpe en vue…
    si certain on eu les mêmes pb qu’il n’hésite pas à les partager !

  4. Marilyse Chaussée dit :

    J’ai cette douleur au poignet droit depuis 2 ans environ. Quelques étirements simples plusieurs fois par jour, de bonnes scéances d’échauffement et l’évitement des plats pour quelques temps ont apaisé la douleur complètement pendant plusieurs mois. Par contre, je me sens toujours fragile et proche de la blessure depuis que j’ai recommencé à grimper de tout à ma limite en bloc.

  5. Etienne dit :

    hello a tous, j’ai eu un blessure de ce type en décembre dernier, pas sur un mouvement très dur mais avec le poignet bien ‘cassé sur un plat’. j’ai repris en falaise après quinze jours d’arrèt et rebelote sur un fin de voie en falaise. Les ostéopathes m’ont conseiller du repos et des massages aux huiles essentielles (gaulthérie, notamment)
    Reprise progressive et jusque la tout est ok avec des massages de temps en temps, même si je ressent parfois une légère douleur et des craquements de l’articulation.
    Dans tous les cas le massage à l’huile ou gel avec des huiles essentielles ne fait pas de mal et m’a été très bénéfique.
    Bonne grimpe à tous !

  6. seignemartin dit :

    Bonjour,
    Suite à une lecture des symptômes, ça m’a paru être enfin l’évidence de ce que je ressentais dans les deux poignets depuis 6 mois. La douleur est survenue après une grosse séance de pan, côté petits doigts des poignets qui craque dès que je réalise des rotations ou certains mouvements de poignets. Même porter mes skis ou des casseroles lourdes, certains mouvements des poignets me faisaient mal. J’ai arrêté l’escalade pour prévoir repos et kiné mais malheureusement une fracture du tibia et marche avec béquilles ne permet pas de guérir des poignets! Néanmoins, j’ai ressenti une atténuation de la douleur en enchaînant des séances d’ultrasons et massage en profondeur avec un kiné. A voir suite à un repos total mais l’instabilité et les craquements persistent malgré des exercices de renforcement musculaire.

  7. Eva Szilas dit :

    Vous êtes kinés, ostéopathes, médecin rééducateur, vous avez suivi une formation médicale? Je m’en doute fortement, et je trouve ça inadmissible de donner un diagnostic sur internet sans donner des sources bibliographiques et des recherches cliniques sur le sujet. D’ailleurs pouvez vous démontrer par des essais cliniques de débridement par arthroscopie fonctionne? Si vous n’êtes pas sûres d’une information, ne la partagez pas. Bref, je trouve ça assez choquant de partager ce genre d’informations à des personnes qui souffrent réellement et qui ne savent pas où se tourner comme solution.

    • Olivier dit :

      Bonjour Eva et merci bien pour votre commentaire si pédagogique.
      Je vous suggère de relire l’article, qui n’a rien à voir avec une « consultation online » ni même un diagnostic. Nous ne faisons que mentionner certains symptômes qui doivent conduire les grimpeurs ayant des signes concordants à consulter des personnes compétentes. Ce que vous paraissez être. Nous serions donc ravis que vous puissiez partager vos lumières dans nos lignes 🙂
      Bien à vous

  8. Fabien dit :

    Est ce que quelqu’un connaît des marques/sites vendant les protections du poignet présent sur la photo svp ?

  9. Toni dit :

    Totalement incompétent sur le plan médical, je trouve l’article bien construit et cette discussion vraiment intéressante (rare). Elle est fondée sur nos expériences de grimpeurs (modestes ou expérimentés peu importe) et nos ressentis de patient (blessé de fait). L’esprit de cordée est de partager des informations utiles pour notre sécurité et notre bon plaisir, ici c’est pareil pour notre rétablissement.

    En l’occurrence, je me suis blessé au poignet gauche sur un jeté (vers un plat en effet) en bloc (bleu, rien de dingue). Mon poids a visiblement abimé mon poignet trop fin et trop seul pour l’exercice… A vous lire, cela semble long et suis au début du processus (déjà 4 ou 5 mois). J’ai testé les huiles et j’irai voir un kiné, un bon et un sympa… Mon approche de l’entrainement sur bloc sera totalement revu de mon côté pour ne pas perdre le capital déjà construit en un seul mauvais mouvement accessoirement inutile. Merci à tous.

  10. Alain dit :

    Bonjour
    Je suis kiné grimpeur et j’ai cette douleur caractéristique de la ténosynovite de l’EU du carpe. Je pense aussi voir une association avec une dégénérescence du Lig traingulaire (comme on disait à mon époque) car j’ai 62 ans et joué à un bon niveau au hand, avec beaucoup de chute sur le poignet gauche étant droitier (tir désaxé).
    Je me demande si strapper le poignet est utile pour diminuer la tension sur la poulie de l’EU . Ensuite j’ai une écho fin avril mais je pense qu’il faudra un arthro scanner. Qu’en pense tu avec ton expérience
    Marci

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