Age et escalade : sommes-nous tous égaux face à la blessure ?
Avec l’enthousiasme grandissant du public pour l’ escalade, des grimpeurs d’ âge et de profils variés se côtoient à la salle. Or une récente étude s’est penchée sur les effets de la pratique chez des grimpeurs âgés de 35 à 70 ans et sur les blessures qui les touchent en priorité. Une analyse qui a retenu toute l’attention de La Fabrique verticale, elle même plus toute jeune 😉 Alors, age et escalade : sommes-nous tous égaux face à la blessure ?
On trouve de tout à La Samaritaine à la salle de grimpe ! À savoir des grimpeurs de tout âge. Depuis l’adolescent motivé qui se prépare pour les compétitions. Jusqu’au retraité qui cherche juste à se maintenir en forme. En passant par le jeune actif qui vient grimper après le travail dans une logique à mi-chemin entre le “club de rencontres” et le “fitness vertical”.
Bref, les motivations et les générations se croisent. Mais une chose est sûre : le public des salles de bloc est en nette augmentation. Pour autant plusieurs hypothèses restent à vérifier. Tout d’abord, quel est l’ âge moyen de ces nouveaux pratiquants ?
Ensuite, est-ce que les salles, et en particulier les salles de bloc qui sont en plein boom, parviennent réellement à fidéliser cette nouvelle clientèle (ce qui pourrait sous-entendre par voie de conséquence un vieillissement de la population) ? Enfin, est-ce que l’augmentation du nombre de pratiquants génère mécaniquement plus de blessures ?
Age et escalade
En préambule, une question se pose. Le nouveau public fréquentant les salles de bloc est-il jeune et en constant renouvellement ? Ou au contraire captif et un peu plus âgé, pouvoir d’achat oblige ? Le fait est que le prix moyen d’une entrée en salle ou d’un abonnement ne plaide pas en faveur d’une large démocratisation de l’activité. D’où la présence d’un nombre important de CSP++ dans les statistiques…
Partant de l’hypothèse que le nombre de grimpeurs âgés pourrait avoir tendance à augmenter dans les années à venir, une équipe de chercheurs a voulu analyser l’impact de ce vieillissement du public sur la probabilité de se blesser en escalade. Pour ces raisons, elle s’est intéressée à la pyramides des âges des pratiquants et à la sévérité des blessures qui affectent les plus anciens.
L’objectif final n’étant pas d’ostraciser les vétérans et de faire du jeunisme… Mais d’avoir une vision suffisamment précise de la population pour pouvoir conduire une prévention bien ciblée !
Méthode utilisée
Pendant une période de 3 ans, ces chercheurs autrichiens ont donc sélectionné des grimpeurs âgés de plus de 35 ans, se plaignant de douleurs ou présentant des blessures en lien avec l’escalade. Pour ce faire, ils ont utilisé un questionnaire standard et un protocole précis pour examiner ces différents patients. En fin de compte, ils ont réussi à réunir les données médicales de 198 grimpeurs âgés en moyenne de 45 ans. La fourchette d’âge de cette cohorte allait de 35 à 77 ans.
Résultats
Lors de cette étude au long cours, 275 blessures ont été enregistrées et analysées. 90% de celles-ci concernaient les membres supérieurs. Point intéressant : 70% de ces blessures étaient liées à une forme de surmenage. Car des syndromes d’hypersollicitation et de surcharge microtraumatique étaient majoritairement observés.
Dans un peu moins de la moitié des cas (soit 47% de ces lésions de surmenage), on était en présence de blessures ou d’usure dégénérative. Avec en particulier de nombreux cas d’arthrose et de syndromes de conflit sous-acromial de l’épaule.
Âge et escalade : que retenir de cette étude ?
Si on les compare à des pratiquants plus jeunes, les vieux grimpeurs ont donc plus de chance de se blesser. Jusque là ce n’est pas vraiment une surprise. Le corps est usé, il récupère moins bien. Rien de neuf sous le soleil. Mais la forte proportion de blessures de surmenage semblent démentir l’idée reçue selon laquelle en vieillissant on devient plus raisonnable !
Par ailleurs, la forte proportion de douleurs à l’épaule est sans doute à mettre en relation avec l’évolution de la gestuelle en bloc, qui sollicite finalement plus les gros muscles que les doigts proprement dits. Enfin, le syndrome de conflit sous-acromial de l’épaule est une pathologie qui n’est pas sans lien avec la posture en enroulement qui touche bien des grimpeurs au fil du temps.
Age et escalade : un peu de prévention
Age et escalade ne sont pas incompatibles, loin de là. Mais à la lumière de ces données, plusieurs pistes se dégagent en termes de prévention pour les grimpeurs vétérans :
Tout d’abord, savoir lever le pied à temps et se donner le temps nécessaire pour récupérer. Même si la motivation est toujours forte, l’organisme est moins résilient. Cela signifie qu’on encaisse moins bien les charges d’entraînement qu’on supportait dans le passé. Donc écoutez-vous !
Ensuite, pour les grimpeurs âgés qui arrivent dans l’activité sans avoir de culture sportive au départ ou pour ceux qui se mettent au bloc sur le tard, prévoir des séances de préparation physique générale et du renforcement (épaules, gainage) semble intéressant, pour s’adapter à cette nouvelle gestuelle dynamique et éviter les pathologies de l’épaule.
Enfin, et même si le bloc reste super sympa et facile à caser dans un emploi du temps, il pourra être pertinent de se tourner vers des formes de pratique moins traumatisantes (voies plutôt que bloc). L’intensité étant moins forte, les risques de blessures sont moindres. Et vous vous épargnerez aussi les chutes répétées (et plus ou en contrôle) sur les tapis…
Age et escalade : plus d’infos
Evaluation of Rock Climbing Related Injuries in Older Athletes
Christoph Lutter, Thilo Hotfiel, Thomas Tischer, Robert Lenz et Volker Schöffl
Official Journal of the wilderness medical society, Décembre 2019, Volume 30, Issue 4, Pages 362–368
Bonjour,j’ai 61 ans, repris l’escalade en Block uniquement, depuis 2 ans(2 à 3fois semaines) , j’ai développé une tendinite qui m’a ennuyé pendant pas mal de mois, j’y allais sans doute « trop fort », depuis j’ai développé une façon de grimper plus économe, plus douce, moins traumatisante, et surtout plus amusante. Les voies qui m’amusent le plus sont 6a parfois 6b, je ne cherche pas à aller plus haut. Quand aux chutes, c’est vrai que dans certaines salles j’aimerais que les tapis soient plus épais, si la réussite d’une voie nécessite de multiples chutes en hauteur, j’évite, il y suffisamment de mouvement à bonne hauteur à travailler et j’améliore ma technique sans danger. Un point très important, c’est que l’âge n’empêche pas d’améliorer sa technique..
Un texte intéressant de Steve McClure, 50 ans et du gros niveau…!
http://www.steve-mcclure.com/articles/151-training-for-old-folk
Ok that is for sure: getting older the chance of injured is greater. But follow some rules as worming up, climbing and cooling down (maybe it takes more time) it will get you further. Started 4 years ago with climbing, doing sports in the past as windsurfing, running, and swimming. Having a good conditioning and learned a lot from people as Eric Hörst. Learn from the old climbers and use there experience in your pleasant climbing time. It has bring me still in a good climbing in the gym, outdoor in Belgium and Corse without injuries at the age of 61. This sport can be done at a higher age on levels around 6c-7a. The most important is have fun and make it a great time on the rocks!