Les dangers du confinement : les grimpeurs sont-ils mieux armés ?
La période d’épidémie que nous vivons actuellement et les mesures de restrictions de sortie liées au coronavirus peuvent avoir de grandes conséquences. En effet, des dangers autres que le Covid-19 guettent la population. Prise de poids, addictions diverses, stress et anxiété, troubles du sommeil, etc. Les grimpeurs sont-ils mieux armés que les autres pour lutter contre les dangers du confinement ? Tentative de réponse !
Tout d’abord, il faut dire que le confinement est une expérience exceptionnelle qui ne sera pas sans conséquences sur l’ensemble de la population. Car plusieurs facteurs peuvent changer la façon dont nous réagissons à cette situation, positivement ou négativement. En particulier sur un plan psychologique. Mais pas seulement ! Déjà les professionnels de santé mettent en garde sur les dangers du confinement.
C’est pourquoi, à La Fabrique verticale, nous nous sommes interrogés dès le début sur les conséquences que cette période particulière pourrait avoir sur nos vies de grimpeurs. D’ailleurs nous vous avons proposé un petit memento des habitudes à acquérir pour rendre le confinement moins pesant. Vous trouverez ici quelques pistes de réflexion.
Partant de là, nous sommes également interrogés sur la capacité que pouvaient avoir les grimpeurs à gérer plus efficacement le confinement qu’un sédentaire lambda. Alors, les grimpeurs sont-ils vraiment mieux armés que les autres pour supporter cette situation de crise ? A priori nous serions tentés de dire oui ! Mais attention, le diable se cache parfois dans les détails 😉
Les dangers du confinement
Voici donc les 3 principaux dangers du confinement et la manière dont les grimpeurs peuvent y réagir !
1. Les effets psychiques
En ce qui a trait à la gestion du stress, nous serions tentés de dire qu’en tant que grimpeurs, nous sommes mieux armés que les autres pour résister à la situation anxiogène que nous traversons.
D’une part, parce que nous sommes habitués à :
- gérer la peur de la chute et à canaliser notre énergie et nos émotions
- accepter l’aléa puisque nous y sommes sans cesse confrontés en escalade, sport d’adaptation par excellence, en particulier dans le à-vue
- sortir de notre zone de confort
D’autre part, parce que nous avons à notre disposition des outils de préparation mentale, que nous utilisons habituellement en vue de réaliser un objectif mais qui dans le contexte actuel peuvent nous être très utiles : relaxation pour gérer la pression liée à l’enjeu ou favoriser un bon endormissement, visualisation ou activation des neurones miroirs pour l’apprentissage de nouveaux gestes, travail sur la motivation…
Grimpeurs, attention toutefois
Même si nous maintenons une activité physique régulière à la maison, qui est d’ailleurs bénéfique pour le moral grâce aux endorphines secrétées à cette occasion, nous ne sommes pas à l’abri d’un écueil sur lequel vont venir s’échouer bon nombre d’individus. La perte du sens et des repères ! En effet, pourquoi continuer à s’entraîner s’il s’agit juste de s’entraîner pour s’entrainer, sans objectif autre que la défonce physique ? Car ne risque-t-on pas de s’éloigner totalement de la pratique, et des gestes spécifiques à l’escalade, si le confinement devait perdurer ?
Pour y remédier, nous vous conseillons de garder en tête une voie ou un bloc que vous avez envie de faire, de dresser des listes de voies ou de falaises que vous rêvez d’aller voir, de vous visualiser dans les gestes de la pratique. Car ce sera plus facile ainsi de se projeter positivement dans l’après confinement. Sachant toutefois qu’on ne sait pas combien de temps cette situation va durer et qu’il est assez illusoire de se fixer une échéance précise…
2. La prise de poids
Alors que la France expérimente sa troisième semaine de confinement, il n’est pas toujours évident pour les personnes habituellement sédentaires de garder la forme. Or, en plus d’effectuer une activité physique quotidienne, s’alimenter de manière équilibrée et diversifiée est indispensable au maintien d’une bonne hygiène de vie.
En ce qui touche à la gestion de l’alimentation, les grimpeurs sont plutôt à l’abri des effets de la sédentarité et des risques d’obésité. En effet, la recherche du poids de forme est une préoccupation relativement répandue dans la population grimpante, même si c’est plus ou moins bien assumé 😉 Et parfois même, ils adoptent des comportements déviants, qui ne sont d’ailleurs pas non plus souhaitables…
Quid des grimpeurs ?
Même si nous maintenons une prépa physique générale durant la phase de confinement, à base de pompes, d’abdos, de poutre et d’exercices divers, la dépense calorique journalière est forcément réduite par rapport à la normale. Du fait du confinement, on sort moins, on marche moins, on passe beaucoup de temps dans le canapé à regarder Netflix 😉 Bref…
Pour y remédier, nous vous conseillons d’ajouter des séances de cardio à votre programme d’entrainement hebdomadaire. Circuits HIIT, corde à sauter, home-trainer ou rameur si vous avez la chance d’en posséder un, footing ou vélo, éventuellement, mais conformément aux recommandations gouvernementales, en solitaire et dans la limite d’une heure quotidienne, dans un rayon maximal d’un kilomètre autour du domicile.
3. Les conduites addictives
Dans cette situation inédite de confinement, “l’angoisse peut mener à des comportements addictifs chez une fraction de la population”. C’est ce qu’a indiqué Bernard Basset, président de l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie. Alors, c’est vrai. L’apéro skype est devenu hype ! Ne serait-ce que pour maintenir le lien social…
Mais que ce soit en solo comme les Finlandais (qui s’adonnent au Kalsarikännit, un terme qui désigne littéralement le plaisir de boire en slip, seul[e] chez soi !) ou en compagnie de tout son répertoire Skype, l’abus d’alcool reste dangereux pour la santé. Certes, heureusement, les grimpeurs n’ont plus le prétexte de la récupération pour boire une (ou plusieurs…) bière à la fin d’une journée en falaise…
Grimpeurs, attention toutefois
Si l’on exclut l’apéro skype, la principale addiction qui guette les grimpeurs dans le climat actuel est sans nul doute la bigorexie, c’est-à-dire la dépendance au sport, dans une logique a muerte. Avec pour corolaire le surentrainement et/ou la blessure. Bref, attention au dosage. Car d’aucuns décident de mettre les bouchées doubles pour se défouler… La frontière entre motivation et bigorexie est alors ténue. Pas de problème pour ceux qui s’entrainent déjà plusieurs fois par semaine et ont l’habitude d’encaisser des charges importantes.
En revanche pour ceux qui habituellement ne faisaient “que” grimper, sans entrainement physique particulier à côté, la pratique soudaine de la poutre et/ou de la PPG à outrance risque de bel et bien de piquer… Voire de conduire à des blessures. Ou au surentraînement. Donc attention à la progressivité ! Échauffez-vous ! Et surtout ne passez pas de zéro séance de poutre à une séance quotidienne sur cet outil.
Bref, alternez les styles de sollicitations (travail des jambes, souplesse, bras, doigts, gainage…). Ménagez-vous des journées de repos. Introduisez à petites doses les nouveaux exercices. Enfin, il n’y a pas que les dangers du confinement. Le Covid-19 est toujours là…. Bref, restez chez vous. Protégez les autres et vous-mêmes. Respectez les gestes barrières et take care 😉
Bonjour,
Merci pour cet article, il est important de rappeler que le confinement fera sûrement plus de mal que de bien pour une bonne partie de la population.
Je pense faire partie de ceux là : depression, insomnie et irritabilité sont mes maux quotidiens depuis le début du confinement. Et encore je suis plutôt chanceuse car je continue de travailler (presque) normalement (et je n’ai pas la possibilité de faire du télétravail).
Continuer le sport est bien compliqué (pour ma part c’est footing et entraînement au poids de corps et effectivement le risque de blessure est grand) et je pense que nous devrons tous faire attention une fois le confinement terminé à ne pas se blesser en voulant retrouver notre niveau de suite et/ou s’entraînant trop souvent pour compenser.
Bonjour Adeline
merci pour votre commentaire. En effet, nous ressentons les mêmes symptômes, de façon variable d’une journée à l’autre. Le fait de structurer à tout prix nos journées, par du travail quand c’est possible, par différentes activités, éventuellement nouvelles, et par un peu de sport, tant bien que mal, semble un bon moyen de tenir, au jour le jour.
Bon courage à vous 🙂
Haha le « Kalsarikännit »… encore mieux avec des moments sauna et air froid extérieur (ça manque :()! 😉